« Jadis, ils
chantaient les exploits de Pancho Villa et d'autres généraux de la
Révolution mexicaine dans les fêtes populaires des villages du
nord. Aujourd'hui, ils parcourent encore avec leurs accordéons les
routes poussiéreuses de Chihuahua et de Sonora, mais ils ont su
s'adapter au changement et ils célèbrent désormais les hauts faits
de nouveaux héros du peuple : les chefs de grands cartels
de la drogue. Notre protagoniste, Lobo, est l'un de ces chanteurs
traditionnels, qui sont en réalité les derniers survivants des
troubadours débarqués avec les Espagnols cinq siècles auparavant.
Ce n'est donc pas un hasard si, dans une taverne perdue, il croise un
soir le chemin d'un Roi dont l'autorité et la puissance
l'éblouissent au point de changer le cours de son existence. Suivre
le Roi, le servir et l'honorer, voilà ce que Lobo veut désormais.
Si le trafic de drogue n'est jamais nommé, on devine immédiatement
que l'on est quelque part à la frontière entre le Mexique et les
Etats-Unis, et que ce Roi fabuleux n'est bien évidemment qu'un
sanguinaire narcotrafiquant. C'est le début d'une aventure furieuse
et sans âge, qui mélange les imaginaires, les discours et les
époques. Lobo découvre le Palais, la Cour et le Royaume ; il y
rencontre la Sorcière, la Fillette et l'Héritier. »
Titre : Les Travaux du Royaume
Auteur : Yuri Herrera
Date de parution française : Janvier 2012
Éditeur : Gallimard
Nombre de page : 128 p.
Date de parution française : Janvier 2012
Éditeur : Gallimard
Nombre de page : 128 p.
Note : ★★★★☆
Les travaux du royaume de Yuri Herrera
est le premier livre de narco-littérature que je lis. J'ai été
agréablement surprise par ce récit. L'auteur mexicain chercher à
ne pas aborder ce thème courant au Mexique comme tout le monde. Il
met en place tout au long du récit la métaphore filée du monde de
la drogue comme un royaume dirigé par le roi c'est à dire le chef
du cartel de drogue. Le roi vit dans un palais avec autour de lui des
courtisans et un héritier.
Le récit présente la vie d'un cartel
de drogue à travers les yeux de l'Artiste qui tout d'abord découvre
ce monde, s'y adapte et fini par se rendre compte de la réalité du
monde des cartels. Cela nous permet de découvrir comme lui ce qui se
passe et suivre sa réflexion, au fil des pages, sur le cartel de
drogue.
Chaque chapitre pourrait être
indépendant, chacun présentant un moment de la vie du cartel ou une
réflexion sur celui-ci : les grandes fêtes, les contrats avec
les barons, la guerre des gangs, les traîtres, etc. C'est la
réflexion de l'Artiste sur le cartel qui est le fil conducteur de
l'histoire.
L'auteur ne donne jamais de nom ou de
prénom à ses personnages, ils sont définis par leur métier
(l'Artiste, le Joaillier, le Journaliste, le Docteur, …), un trait
du personnage (la sorcière, le Chicano, le Gringo, …), ou à leur
position dans le cartel de drogue (le Roi, l'Héritier, le Gérant,
…). Et aucun lieu ou aucune date précis ne sont donnés ;
même si quelques indices nous permettent de nous positionner au
Mexique proche de la frontière des États-Unis. Cela donne une
universalité au récit : il peut se passe n'importe, n'importe
quand et avec n'importe quel cartel de drogue. On retrouve également
cette idée d'universalité dans certaines parties de l'histoire :
le roi demande à l'Artiste d'aller chanter dans le cartel ennemi
pour les espionner, l'Artiste se rend alors compte que tout est comme
dans le royaume de son roi, les cartels sont tous les mêmes.
Le récit pose également la réflexion
du pouvoir et de l'art. L'artiste ne perd-t-il pas sa liberté
d'expression lorsqu'il se met à la disposition d'un mécène ?
L'auteur se questionne. Ce n'est que lorsque l'Artiste décide
de reprendre sa liberté et de quitter le roi que l'Artiste va
reprendre son nom : Lobo.
J'ai vraiment apprécié ce récit qui
est bien construit et qui a une réflexion intéressante.
La
future bibliothécaire.
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